par Pierre Tourvieille de Labrouhe – Cahier N°11
Le centenaire de l’armistice de la première guerre approche et nous rappelle le souvenir des hommes partis du Pays pour se rendre sur les différents fronts.
Cette guerre, malgré sa présence dans tous les esprits, restait lointaine et les casernes relativement éloignées de notre vallée… cela restera vrai jusqu’en 1917.
En effet, c’est sur les bords de l’Allanche que l’Administration pénitentiaire militaire décida d’installer en toute confidentialité, l’atelier spécial n°60, ou également dénommé, « Atelier P.M. » pour « atelier de prisonniers militaires » affecté à la fourniture d’empierrement pour la zone des Armées.
S’il est assez surprenant, au regard de l’extrême discrétion de l’Administration, de trouver plusieurs cartes postales ayant comme sujet l’atelier spécial n°60, il n’est fait, à notre connaissance, aucune mention dans les journaux locaux de ce camp et de ses activités pendant la période 1917-1920.
De plus, et dans l’état actuel de nos recherches, il n’a pas été possible d’identifier un fond susceptible de contenir des informations sur ce camp au Service Historique de la Défense de Vincennes. Aussi, il est encore difficile de traiter le sujet sans y mettre toutes les précautions d’usage.
En surimpression rouge les structures encore visibles aujourd’hui
Il est néanmoins possible de donner du relief à l’adjectif « spécial » au regard des quelques témoignages recueillis et d’un document retrouvé par le maire de Sainte-Anastasie.
Tout d’abord, il était d’usage dans les villages alentours d’appeler les prisonniers de ce camp « les Joyeux » en référence au sentiment que pouvaient éprouver ces hommes à être tenus éloignés du front malgré un travail pénible et usant dans les carrières de basalte du Cuze.
Plus généralement, ce terme fut utilisé pour désigner des bagnards, hommes réfractaires à l’armée, parfois voyous et emprisonnés à l’occasion des deux dernières guerres. Ces bagnes étaient le plus souvent situés dans les anciennes colonies, loin des regards de la population métropolitaine.
Cette deuxième définition semble corroborer les souvenirs de Jean Prunière du village du Clauzier se remémorant avoir vu ces prisonniers, sous bonne garde, se lavant dans l’Allanche et dont certains avaient les corps recouverts de tatouages. Particularité assez rare pour marquer cet enfant du pays !
D’autre part, les témoignages ne permettent pas de définir la nationalité des prisonniers. Certains évoquant des soldats allemands (peut-être par association avec les prisonniers du château de Saint Angeau près Riom-es-Montagne), certains des soldats français.
Un billet libre, découvert entre deux pages du registre des décès de la commune de Sainte-Anastasie, apporte un nouveau jour en nous dévoilant l’identité d’un détenu décédé le 9 mai 1918. Il s’agit d’un « soldat » français dont la fiche militaire conservée par le Ministère des Armées porte la mention de « Non mort pour la France »
Si ce cas particulier ne permet pas de confirmer le profil de l’ensemble des détenus du camp spécial n°60 en 1918, il pourrait être l’illustration du besoin grandissant pour l’armée à faire face à l’usure des hommes et des esprits, vis-à-vis d’une guerre commencée quatre ans plus tôt.
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