par Pierre Tourvieille de Labrouhe – Cahier N°5
La ville d’Allanche à la fin des années 20
L’après guerre représente une transition sociale pour le Pays mais surtout pour les campagnes françaises. Sortie du conflit dans lequel chaque famille avait largement contribué et ou les esprits eux aussi avaient été mis à contribution, la nouvelle génération aspire à plus de liberté et à une recherche d’un bonheur plus individuel. La vie rurale n’apportant pour beaucoup que très peu d’épanouissement, la voie du commerce depuis longtemps empruntée par nos anciens accentua son attraction au sein des jeunes gens du pays. En 1926, la ville d’Allanche voyait partir 139 marchands voyageurs pour une population de 1687 habitants.
Certains finirent par s’installer dans les provinces et villes qui les voyaient passer l’hiver mais pour tous, le retour au pays était un passage obligé et cela notamment à l’occasion des grandes foires estivales. Certains d’entre nous se rappellent de ces marchands roulant dans les villages au volant de magnifiques automobiles. Outils de travail, ces véhicules devenaient sur les routes du Cézallier, l’image de la réussite. L’établissement de maisons de grands standings aux abords des bourgs apparait également comme un rappel de cette réussite sociale. Construites sur le modèle des villas du bord de l’Atlantique, ces maisons, souvent de très belles factures, avaient toutes les caractéristiques de celles des stations balnéaires.
Les « châteaux » comme ils étaient appelés parfois à Allanche, détonnaient dans l’architecture vernaculaire qui, depuis plus de deux siècles, n’avait guère évolué. C’est dans cet esprit que Mr. Pelligry édifiera une villa, aujourd’hui devenue « le Parc ». Ce phénomène s’amplifia dans les années 20/30 avant que la crise mondiale de 1929 et l’évolution du métier de marchands de toile en réduisent l’impact ; les revenus ne permettant plus d’investir au pays.
Villa de Mr. Pelligry
C’est, dans ce contexte, que le Modern’Hôtel (plus connu aujourd’hui sous le nom d’Hôtel Bonnal), voit le jour en l’année 1930. Nous aurons tout d’abord remarqué le coté très ‘british’ donné par les patrons de l’époque, qui évoquait à lui seul la volonté affichée d’apparaitre comme radicalement nouveau. Imaginé par Mr. Pelligry, marchand de toiles parmi les plus prospères, c’est sous le dessin de Mr. Georges Breuil, architecte installé à Aurillac, que le Modern’Hôtel prit l’allure dont les cartes postales d’époque nous en dévoilent l’élégance. D’un style Art Déco, le bâtiment présentait les caractéristiques inhérentes à ce style dont l’exposition des arts décoratifs de 1925 avait insufflé l’âme et l’énergie.
Malgré une importante modification sur la toiture dans les années 40, l’hôtel aujourd’hui désaffecté ne laisse pas indifférents allanchois et gens de passage.
A suivre :
- Le Modern’ Hôtel d’Allanche – Partie 2 / Architecture et Décoration
- Le Modern’ Hôtel d’Allanche – Partie 3 / La clientèle
Pour en savoir + : Extrait du Cahier N° 5, en rupture de stock 🙁
Bibliographies :
• Patricia Bayer, Intérieurs Art Deco, Thames & Hudson, 2000
• D.R.A.C Auvergne, Canton de Saignes. Cantal. (Images du Patrimoine n° 176)
• Alfred Durand, La vie rurale dans les Massifs volcaniques des Dores, du Cézallier, du Cantal et de l’Aubrac, Imprimerie Moderne Aurillac, 1946
• Joël Fouilheron, Le Cantal de Georges Pompidou – Quelques part sur terre…, 2011
• Travaux d’architecture 1929-1933 / Georges Breuil – Strasbourg : Ed. Edari
Remerciements à Mrs Jean-Bernard Béland et Pierre Kaiser pour l’iconographie et la documentation, à Mrs Philippe Glaize, Jacky Magne et Louis Soulier pour leurs souvenirs ainsi qu’à la famille Albaret pour leur accès au bâtiment et aux plans.
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